+32 02 513 79 13
4, Rue d’anderlecht 1000 Bruxelles
secretariat@joc.be

Nous n’avons plus peur, lettre ouverte de féministes.

Cinq jours après la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, La DH publiait un article sous le titre « #MeToo, des victimes collatérales chez les hommes ? » Plus qu’un article, il s’agit d’une tribune sans filtre ni nuance de la journaliste et du journal qui le publie, dans lequel dix personnalités belges, hommes, s’expriment sur le mode : « On ne peut plus rien dire ».

« On ne peut plus rien dire » : face à cette phrase assénée par des hommes se présentant au final comme victimes, nous sommes restées calmes (et oui, nous ne sommes pas des hystériques). Nous avons lu cet article jusqu’au bout. Nous avons pris le temps d’en discuter, de nous rencontrer pour comprendre les réactions suscitées par cet article.

Que dire ? C’est difficile de savoir par où commencer tellement cette tribune est truffée d’affirmations dérangeantes…
Pour eux, les femmes ne seraient plus capables d’accepter un « joli compliment », une « drague légère ». Ces messieurs ne veulent pas comprendre que ce n’est pas une question de capacité mais de choix : devoir subir, sans broncher, des remarques déplacées, des sifflements et des commentaires sur notre physique, des allusions salaces, c’est basta ! Plutôt que de se lamenter de se voir privés d’une « liberté » envers les femmes, ces hommes feraient mieux de s’interroger sur la violence de leurs comportements ; ce ne sont pas eux qui sont victimes de féminicides, battues, harcelées, marchandisées.
En même temps, ces hommes qui voient avec tant de désinvolture et de légèreté ce que subissent les femmes, s’ils avaient une réelle conscience de l’oppression qu’ils leurs font subir, nous le saurions. Ils ont tellement intégré ces comportements, ces normes sociales, qu’ils sont devenus incapables de se rendre compte de la violence qu’ils font (consciemment ou inconsciemment) subir aux femmes. Nous les invitons à s’interroger et à mener une introspection avant d’imputer aux femmes la responsabilité des évènements actuels qu’ils déplorent.

Nous avons pu lire que les femmes ne devaient pas se tourner vers les réseaux sociaux pour dénoncer les actes subis, mais vers la justice. Cette même justice qui manque tellement de moyens, qu’elle est incapable de garantir aux femmes victimes d’agressions et de violence une véritable sécurité ? Cette même justice qui nous pose des questions telles que : « Vous portiez quoi ? », « Il n’était pas un peu tard pour vous promener seule en rue ? » Cette justice patriarcale?

Nous avons pu lire qu’il ne fallait pas boycotter des œuvres de réalisateurs pédophiles et agresseurs parce qu’il faut ouvrir le débat. Vous croyez vraiment que les 12 femmes qui ont été les proies de Roman Polanski ont envie d’ouvrir le débat ?

Nous avons pu lire ces hommes nous expliquer une fois de plus ce qu’est d’avoir « un véritable message féministe », sauf que les gars, vous ne comprenez pas grand-chose à ce dit message féministe !
Le problème que rencontre ces hommes, ce qui les dérange, ce n’est pas qu’ils ne puissent plus rien dire, comme certains l’affirment dans la tribune. Non, le problème est lié à la frustration qu’ils ressentent de ne plus pouvoir dire tout ce qu’ils désirent sans avoir une réponse négative, sans être remis à leur place… Avant, nous nous taisions, maintenant nous leurs résistons et nous disons NON.

22% des hommes affirment et reconnaissent avoir déjà été auteur d’une agression sexuelle, ce chiffre ne représente qu’une partie visible de l’iceberg, il parle des hommes qui ont conscience d’avoir eu, un jour, un comportement qui pose problème, pas de tous les autres qui refusent de comprendre que leur comportement est qualifiable d’agression sexuelle.

Non, il n’y a pas de risque de dénatalité, pas de risque que les contacts entre hommes et femmes disparaissent. Nous n’avons juste plus envie (en fait, on n’en a jamais eu envie) de nous faire lourdement draguer, toucher, harceler par des inconnus, des proches, des collègues, etc. Cela ne veut pas dire que nous ne voulons plus de rapport avec la gent masculine et qu’il est interdit de nous approcher, de nous parler. Non, c’est simplement qu’aujourd’hui, nous sommes bien plus sélectives, directes et fières, nous voulons et allons tout faire pour changer les choses.

En fait, ce que nous voulons tout simplement c’est sortir du patriarcat, c’est vivre dans une société où la relation entre hommes et femmes se fait hors des rapports de domination et sur une relation d’égalité. Lire, en 2019, un homme minimiser la portée du Metoo et des violences faites aux femmes, en comparant ce qu’elles vivent structurellement avec ce qu’il a vécu comme relations inter-personnelles et invoquant le « #balancetaPute« , nous confirme qu’il reste bien du chemin à parcourir pour y arriver !

Nous ne nous excuserons plus auprès des hommes dont l’égo est blessé parce qu’ils n’arrivent plus à pécho comme avant. C’est une nouvelle ère, il faudra s’y faire.

Signataires :
Les Macrales
Jeunes Organisés et Combatifs – JOC
Collecti.e.f 8 maars Bruxelles
Les Nouvelles Antigone
Groupe collages féminicides Bruxelles
Féminisme Libertaire Bruxelles
Collectif La tête haute
FLuttes Femmes en lutte

L’article auquel nous réagissons : https://www.dhnet.be/…/metoo-des-victimes-collaterales-chez…

La position de la DH sur les réactions de l’article en question : la liberté d’expression ne va que dans un sens visiblement : https://www.dhnet.be/…/metoo-et-les-hommes-la-dh-contre-les…

ESPACEFIEVEZ.BE
SALLES DE RÉUNION POLYVALENTE EN LOCATION À BRUXELLES.

Besoin d’un espace pour organiser une formation, une réunion, une assemblée, une conférence, un apéro dînatoire… ?
Un site de l'Asbl JOC-JOCF. Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles